J’ai toujours voulu danser en regardant les oeuvres de Jean-Marc Thommen - Texte de Thibault Le Forestier

 


 

 

J’ai toujours voulu danser en regardant les oeuvres de Jean –Marc Thommen

L’œuvre invite, ouverte.

 

                                  Ou surfaces sensibles en mouvement et en transformation continue

 

 

Quand le regardeur fait l’œuvre avec Marcel Duchamp, les œuvres de Jean-Marc Thommen semblent nous inviter à interagir de manière cognitives avec elles.          

                                                                                                                                    Totalement ?

Comment en 2023, renouveler ou pas, l’expression artistique dans le champ de l’abstraction, ou pas ?

D’ailleurs, renouveler, est-elle la question ?

Comme la rencontre utopique d’un Pollock avec un Rothko, avec, mais est-ce la question, importante ?

                                                                                    Avec tellement d’autres, me dirait Jean-Marc

 

Plutôt qu’un retour méditatif en soi et une ouverture verticale vers la terre et le ciel, Jean-Marc Thommen semble nous proposer des déplacements comme Modus Operandi.

                                                                                                                                           Notamment.

Comme une danse du cerveau dans l’oeuvre et la possibilité du saut d’une œuvre à l’autre.

La possibilité, ou pas, comme avec le livre, d’ouvrir le champ de la représentation,

pas seulement,

                          mais en s’en rapprochant,

                                                             et en glissant constamment de l’intérieur à l’extérieur.

Jean-Marc Thommen parle de sa fascination pour les 102 œuvres de la série des Shadows d’Andy Warhol exposées au Musée d’art moderne de la ville de Paris en 2015.

Le même motif, 102 fois sérigraphié, de 17 couleurs différentes, œuvres alignées comme les images sur un négatif, sur une pellicule argentique.

Une répétition du presque même comme représentation paradoxale du passage du temps,

               Mais bien sur, pas exclusivement.

Mais peut-on parler de l’éternel retour comme d’une possibilité d’échappatoire à l’eschatologie ou plutôt comme d’une routine, rassurante ?

La question pourrait être, y a-t-il du spirituel ?

                                                                                                                             Mais on déplace.

Le format de l’oeuvre, ne détermine t-il pas le champ de l’expression, la limite de représentation du temps et de l’espace ?

Défis maintes fois relevés par les peintres de représenter, de présenter des éléments formels, colorés suggérant le mouvement, dans un espace illusionniste en deux dimensions et anticipant, l’ailleurs.

La représentation abstraite s’inscrit-elle dans le champ de représentation d’un espace illusionniste ? Duchamp parlait de ses oeuvres encore, de la quatrième dimension, dont ses œuvres n’étaient qu’une sorte d’ombre portée.

Dans le quotidien, le banal, faire émerger l’harmonie, la collision de surfaces, de matériaux, de couleurs, tels semblent être les défis que Jean-Marc Thommen relèvent dans ses DÉJÀ VU, quotidiens, mais pas toujours, faire image, telles des notes, des captures dans sa réalité. N’ayant d’existence que sur les réseaux sociaux, l’éphémère du fil d’actualité garantissant l’équilibre sur le fil du réel,

                                                                                                       telle une visibilité construite.

Un cadrage qui l’espace de quelques millièmes de secondes acquière une notoriété.

Entrelaçant les potentialités du cerveau du regardeur à mettre en branle des images miroirs afin d’analyser en quelques millièmes de secondes ce champ offert, les ouvrir, quasiment automatiquement sur le, hors champ.

Ce hors champ comme trousseau de clés de compréhension de l’image est constamment à l’œuvre dans le rapport singulier que le regardeur attrape, confronté à l’œuvre de Jean-Marc Thommen.

L’œuvre invite, phrase omniprésente dans les ouvrages classiques des historiens d’art, s’exprimant sur des œuvres réalisées à une période où la connaissance totale des antériorités culturelles faisait partie de l’enseignement obligatoire prodigué dans les Académie des Beaux-arts.

Un mouvement de l’œuvre, du corps du spectateur à faire lien avec ceux que l’on nommait avec admiration, les grands maîtres.

Chez Jean-Marc Thommen, l’œuvre nous amène à opérer des glissements, non pas dans une direction mais dans toutes les directions, culturelles mais aussi cognitives.

DÉJÀ VU et non pas DÉJÀ FAIT, car il s’agit d’images et non pas d’artefacts en trois dimensions.

READY SEE insère la potentialité qu’une image puisse être construite culturellement avant sa conception.

L’artiste serait et sera le médium de cette révélation.

Et pose la question d’un postulat angoissant d’étudiant.e.s en école d’art et artistes. Ce déjà fait, telle une obligation, une épée de Damoclès de l’innovation ou mourir.

DÉJÀ VU, repousse dans le temps, comme un présent déjà passé.

Mais est-ce la question d’être de son présent à l’œuvre dans la démarche de Jean-Mac Thommen ?

Qui, de fait, rapproche les arts visuels d’une discipline artistique pratiquée par Jean Mac Thommen, la musique.

Cet art qui à partir d’un vocabulaire connu et partagé, les notes de musiques n’a de cesse de se renouveler et d’inventer, dans ses limites,

                                                                                            mais pas seulement.

Le réel n’existerait que part répétitions et variations constantes des mêmes.

Ces mêmes, telles des notes travailleraient sur la conception de variations subtiles, de décollages quasi invisibles que l’artiste, en l’occurrence

                                                                                 , entre autres,

parmi d’autres, serait à même de faire émerger,

                                                                                            décalages, variations, émergences, pas de côté, virevoltes, poussées, laissez-faire, traces légères, poussées subites, diagonales radicales, expansions, plongées colorées, autant de mots susceptibles d’être qui de la chorégraphie, qui de la partition, qui de la conception, être visités dans ses oeuvres.

Qui invite par élégance à prendre ces corridors pour circuler entre des univers multiples.

                                                                                 Cela sied, à juste titre, un passage étroit entre.

Quand la peinture, ici, bien ici, n’a nullement besoin d’algorithmes, mais juste de rythmes de couleurs et de formes pour nous embarquer dans des univers aux dimensions si multiples.

 

                                                                                                                               Et que de questions

Et au final je comprends ce titre.

                                                                                                                             

 

Thibault Le Forestier de Quillien. Avril 2023