Ceux qui viennent sont ils déjà présents et sont ils déjà venus ? Texte de Thibault Le Forestier sur le travail d'Hélène Delépine - Septembre 2024

 

Passé, présent, futur n’existaient plus depuis une période dont personne ici ne connaissait l’origine. L’âge était un concept que l’on étudiait dans des départements universitaires qui ne trouvaient plus de financement puisque tel l’image de l’anneau de Moebius, les humains pouvaient à leur gré mourir et renaitre en une fraction de seconde. L’âge était un mot qui était pour les anthropologues autant que pour les gouvernements devenus totalement obsolète.

Le temps n’avait plus d’incidence sur leurs corps.

Nous nous trouvions dans un espace temps totalement décomplexé, un espace de circulation continue entre ces étapes qui avaient définis la vie des humains, avant.

L’absolu finitude des êtres et l’obligation de ne vivre que dans un présent en se penchant pour envisager un futur.

Il se trouvait que les départements d’histoire avaient périclités, du fait de la possibilité ouverte par la physique quantique, de la modifier.

Impossible pour les chercheurs de dater, un document, un artefact. On exhumait dans les fouilles archéologiques, des échantillons de minerais que l’on soupçonnait grandement d’avoir été réalisés en impression 3d dans des temps largement postérieurs.

Au tout début de tels découvertes, celles-ci avaient fait grand bruit dans la communauté scientifique. Aujourd’hui, il n’était plus possible d’identifier, de dater les objets tant ils étaient nombreux, rendant la datation au carbone 14 quasi obsolète.

L’archéologie du futur était devenu réalité. Le réel étant devenu oxymorique.

Le mot vérité avait progressivement disparu des dictionnaires, tant chaque objet, chaque document, chaque événement antérieur avait fait l’objet d’une transformation, plus encor,e les dites modifications n’avaient jamais de cesse de s’accroitre.

Le passé était en perpétuelle hypercroissance engendrant un présent chaotique, hypertrophié par les conséquences de celle-ci.

La physique quantique avait ouvert la boite de Pandore du temps, dépassant totalement le libre arbitre humain, l’individualité.

La plupart des habitants de la terre ne travaillaient que pour des méga-multinationales privés colossaux qui s’opposaient dans une guerre sans fin aux résistants, des groupuscules techno alternatifs.

Quand celles-ci intervenaient sur le passé, les opposants concevaient constamment des algorithmes destinés à le reconstruire, utilisant les rares encyclopédies historiques, qu’ils avaient réussis à sauver des autodafés.

L’information, le livre n’existait plus que sous forme numérique.

Étrangement, les alternatifs étaient constamment vilipendés et poursuivis par les états les taxant d’être des conservateurs du temps d’antan, luttant de manière désespérée pour rétablir un passé, simple.

 

Ce mouvement d’opposition avait commencé à voir le jour, d’après leurs sources, quand au début du XXI siècle des artefacts avaient commencé à voir le jour dans le domaine de l’art contemporain, en France notamment.

Des objets que certains artistes affirmaient avoir conçus qui questionnaient particulièrement les spécialistes en la matière les positionnant dans l’impossibilité de remonter les fils stylistiques de ceux-ci.

Les dits objets entremêlaient des formes dont on ne savait si elles appartenaient au passé ou au futur, si leurs sources provenaient de dessins d’architectures profanes ou sacrés.

Des artefacts qui progressivement apparaissaient sur tout le continent, dans des déserts arides, comme dans des espaces urbains.

Dépassant rapidement la sphère artistique, la communauté scientifique s’était rapidement emparée de ces «  apparitions matérielles » sans pouvoir donner de réponses cohérentes, d’autant plus, qu’elles ne restaient pas longtemps sur les sites où certains avaient pu les observer, les fixer par la photographie.

Comment de tels objets avaient pu être réalisés alors qu’ils utilisaient des références présentes dans des styles antérieurs (Romane, Gothique, Art Déco) associés à des emprunts aux lignes des architectures dénaturées du Modernisme (notamment les architectures pavillonnaires, ainsi que celles de la reconstruction post seconde guerre mondiale) et ce qui posait problèmes à des styles inconnus, que l’on ne pouvait qu’imaginer, venir du futur.

Les noms des auteurs avaient eux aussi disparus, d’autant plus que les artistes n’ayant pas de réalité économique et ne voulant pas se plier aux diktas progressif de l’ultra libéralisme avaient littéralement été effacés.

Le statut de ces objets avait glissé d’artistique à échantillons impossibles à dater.

A compter de cette période, les « découvertes » n’avaient faits que croitre au point qu’elles avaient rapidement remises en question et finalement avaient remplacé, de part leur nombre exponentielle, les millions d’objets conservés dans les musées.

On parla de manière extrême, de grand remplacement, puis progressivement, par destruction progressive mais exponentielle des sources livresques, on finit par accepter cet état de faits.

 

Auteur inconnu, non sourcé. Année actuelle, mouvante.

 

Thibault Le Forestier

Septembre 2024

Mercredi 16 octobre- 17h/ vernissage de l'exposition Elika Hedayat - Carte blanche au Festival du Film d'Animation des Villes Soeurs/ Partenariat de Pascal Neveux- Directeur du Frac Picardie

  Cette exposition est associée à la 2e édition du Festival du Film d’Animation des Villes Soeurs dans le cadre d’un par...