Mélissa Mérinos. Plasticienne sensibilisée. Thibault le Forestier. Septembre 2023

 

Mélissa Mérinos

 

Plasticienne sensibilisée

 

Mélissa Mérinos est une artiste plasticienne qui vit actuellement à Caen, bien que n’étant pas originaire de Basse-Normandie.

Après avoir fait une année préparatoire à la «  défunte »  prépa publique des beaux-arts de Rueil-Malmaison, elle ne se trouvait pas « prête » pour tenter les concours d’entrée en écoles d’art. Elle a dans un premier temps obtenu une licence à Paris 3 en médiation culturelle. Ensuite, l’obtention du concours d’entrée à l’école d’art de Caen l’a amenée à engager un cycle de 5 années d’études.

Après l’université, elle se sentait plus confiante, grâce de surcroît à son expérience en MJC, maison des jeunes et de la culture.

C’est donc par une expérience, un travail et une formation en lien avec la société qu’elle a abordé un cycle d’études en école d’art.

Une position de fait très analytique sur le réel, un recul constructif vis-à-vis de l’expression artistique et des œuvres.

Des déplacements qui - j’imagine - l’ont amenée, à chaque fois, à observer finement un espace social, géographique, spécifique, à devoir adapter et faire évoluer ses capacités à envisager d’autres types d’écosystèmes.

Arrivant en école d’art avec une pratique «  classique » de l’expression artistique, elle va évoluer pendant ce cycle vers l’utilisation de la photographie, en privilégiant l’argentique à une époque où la photographie numérique est omniprésente.

Si je décris ainsi son parcours, c’est que celui-ci est à mettre en parallèle, en tension, avec les protocoles qu’elle conçoit, invente pour chacune de ses séries photographiques.

Un protocole en art est un ensemble de règles que l’artiste s’impose ou pour aborder un sujet, ou pour le photographier (mais cela peut-être aussi pour peindre, dessiner…), ou pour en faire la présentation au public.

Une série étant l’ensemble des réalisations conçues et surtout sélectionnées par l’artiste sur son sujet.

Il y a chez l’artiste plasticienne un choix d’espaces d’études, qui nécessitent des déplacements sur site, et ceux-ci se doivent, pour être efficients, d’être aléatoires, non définis, circonscrits par une temporalité fixe (une résidence).

Une liberté d’action est un préalable obligatoire et nécessaire.

Ces temporalités, différenciées, peuvent être importantes. Mélissa Mérinos dit qu’elle a besoin d’aborder ses sujets par les bandes, par rebonds, plutôt que de les traiter directement, comme pourrait le faire un.e reporter.

Parler dans les cafés, multiplier les échanges, sans doute, parfois, en profitant des hasards des rencontres, lui permet de circonscrire le territoire, de fixer des balises sur celui-ci, comme pourrait le faire un explorateur.

Une approche fine et cousue de réalité.

Mélissa Mérinos ne triangule pas, comme le fait le GPS, elle tisse à l’horizontale sur ses territoires de recherche.

Une démarche qui pourrait s’apparenter à celle d’un archéologue qui définissant un territoire d’excavation, fait émerger par petites touches son sujet. Enlevant, déplaçant les sédiments au pinceau, soulevant délicatement la poussière, les poussières.

La terre ici posée depuis un temps important.

Une matérialité, une sensibilité que l’on retrouve dans le choix du médium photographique privilégié de l’artiste, l’argentique.

Technique permettant à la lumière de « sensibiliser » la « matérialité » des sels d’argent.

Transformant à jamais.

Et donnant à l’image obtenue au tirage, ce grain «  qui lui rappelle le grain du dessin » expression artistique par laquelle elle est «  entrée en art » .

Le temps, la matière, l’humain, le déplacement et des valeurs d’engagement définissent sa démarche, sa manière d’être et de se déplacer dans le monde.

Ce mot de démarche souvent utilisé pour définir l’œuvre d’un artiste, c’est au sens propre qu’il faut l’entendre ici.

Le réel et ses dysfonctionnements sont les sujets du travail de Mélissa Mérinos, l’art est un vecteur «  pour orienter les regards vers la société qui nous entoure et les marges qu’elle créée ».

L’artiste est telle une surface sensible, comparable au film argentique qui est à même de réagir, de se transformer face aux injustices sociales, aux excès des pouvoirs mis en place sur les populations.

La place qu’elle dit «  privilégiée », donnée à l’art, lui permettant « d’ouvrir des portes fermées au reste de la société ». De s’approcher, de montrer par l’image les abords, les no man’s land, des espaces de privation de liberté, des frontières.

Et c’est pour elle une question de responsabilité  quasi civique, elle qui dit :  « Il me semble important de saisir cette brèche, de prendre cette responsabilité pour donner à voir et accès à ces lieux et situations - où des personnes (sur)vivent et sont livrées à elles même face à des autorités qui peuvent user de leurs pouvoirs, car cachées. Chose impossible pour un·e citoyen·nne lambda. »

 

 

 

 

 

 

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