E/ ENTRETIEN
ALEXIS NIVELLE – THIBAULT LE FORESTIER
ÉTÉ 2025
Éveil et parcours de formation
Les premières rencontres humaines ou matérielles avec l’expression artistique sont souvent considérées comme structurantes, primordiales du parcours à venir.
Étais-tu prédisposé socialement à devenir plasticien ?
Le dessin, la peinture, le plaisir de manipuler des formes et des couleurs, pour moi tout ça est intimement lié à l’enfance… Prédisposé socialement ? Je ne pense pas mais j’ai bénéficié de conditions favorables certainement – et j’ai continué.
J’ai eu la chance de grandir avec un grand sentiment de liberté, dans une famille ouverte d’esprit.
Et puis j’ai apprécié mes enseignants en arts – au collège comme au lycée. Grâce à eux j’ai découvert les grandes figures de l’art moderne : Paul Klee, Sonia Delaunay, Fernand Léger… Entre autres.
Être artiste dans la société
Quand tu te présentes dans l’espace social, comment te « désignes » tu ? Artiste, plasticien, dessinateur, autre ?
“Plasticien”, non… ça sonne trop “technico-scientifique”. J’ai une conception différente, un peu plus littéraire, de mon activité de création… Alors je dirais plutôt peintre et dessinateur.
Mais de toute façon, dans l’espace social, au quotidien, je préfère mettre en avant un autre visage, en lien avec mon travail alimentaire à temps partiel, une autre identité… Celle d’adjoint territorial du patrimoine (de seconde classe).
Origines et création
Est-ce que le fait d’être originaire de Normandie a eu une influence sur les formes, les couleurs de tes œuvres ?
Difficile à dire…
Je me souviens de moi, jeune, me promenant sur la plage… Je me souviens de mon étonnement devant certaines formes de vie étranges dévoilées à marée basse. Je revois les résidences secondaires des estivants, inhabitées tout l’hiver, dans le hameau près de la mer ou j’ai grandi : des maisons abandonnées et leurs jardins en friche, la nuit.
Alors, peut-être, oui.
Écoles d’art
Tu es diplômé de quelle(s) écoles ?
J’ai obtenu une licence en arts plastiques au début des années 2000, à Amiens. Ensuite j’ai déménagé à Lille et j’ai multiplié les petits emplois alimentaires, tout en continuant mon travail de peinture et de dessin.
Est-ce que des artistes/professeur.e.s, ont eu des influences prépondérantes sur ton travail ? Mais bien sûr, cela peut-être les techniciens aussi.
J’ai été encouragé dans mes recherches par Denis Pouppeville (peintre, graveur et dessinateur), un artiste proche en esprit de Topor, James Ensor et Alfred Kubin, et qui animait un atelier de peinture à la faculté à Amiens. Sa passion, sa personnalité et sa générosité m’ont marqué.
A quel moment le médium du dessin a-t-il été prépondérant pour toi dans ton cursus ?
Aujourd’hui mon travail ressemble à une créature bicéphale : peinture et dessin sont deux activités de même importance à mes yeux, deux activités bien distinctes mais en dialogue constant.
Et est-ce que ta perception de l’écosystème art contemporain a changé par rapport à l’idée que tu t’en faisais lorsque tu as commencé à être plasticien, après tes études ?
Je n’avais aucune idée de ce monde et de cet écosystème avant de commencer à exposer, juste après mes études, dans des galeries d’art. La première d’entre elles, la Galerie Béatrice Soulié, découverte par l’entremise de Denis Pouppeville, se trouvait rue Guénégaud à Paris.
Ensuite j’ai continué à exposer, de loin en loin, dans des galeries et dans des centres d’art contemporain.
Influences/mouvements/ styles/ influx
Tu as fait tes études dans une période où l’abstraction, les démarches conceptuelles, le lien avec la figure titulaire de Marcel Duchamp étaient prépondérants.
Mais aussi après des années 80 avec le retour en fanfare de la peinture sur toile, de la Figuration libre. Cette période que l’on a nommée postmoderne où tout un chacun pouvait piocher avec une grande liberté dans l’histoire de l’art et des formes.
Est-ce que ce mouvement a eu une influence sur toi ? On peut citer aussi la Transavant-garde italienne, le néo expressionnisme allemand notamment.
Tes pièces s’inscrivent dans un courant que l’on pourrait définir par figuration abstraite ou abstraction figurative, y-a-t-il des artistes dont tu regardes et suis le travail plus particulièrement ?
Si je dois citer quelques peintres actifs dans les années 70-80, et importants pour moi, je dirais : Shirley Jaffe, Philipe Guston, Raoul De Keyser…
L’héritage des pionniers de la mouvance abstraite historique me semble incontournable. On ne peut pas passer outre me semble-t-il. On ne peut pas peindre aujourd’hui comme si ça n’avait pas existé… C’est une influence majeure, oui, mais parmi d’autres – et avec laquelle on peut jouer, avoir une attitude critique, prendre ses distances.
Je pourrais dire que mon activité de peintre-dessinateur est post-abstraite, ou de façon plus facétieuse légèrement abstraite. Ce qui m’intéresse finalement c’est l’équivoque, ne pas être ceci ou cela mais demeurer dans l’ambiguïté, entre.
Cuisine/ série
Comment se passe la conception de tes projets, as-tu des modalités de travail expérimentales qui seraient comme une base de données où as-tu une idée très précise, rapidement de ce que tu veux obtenir ? Fais-tu des croquis au préalable ?
Est-ce que le travail sur des carnets de travail a une place prépondérante dans la gestation de tes projets ?
Bon, c’est une activité obsessionnelle. Donc tout vient l’alimenter, tout le temps. J’aime flâner, observer, me promener, rêvasser… ça fait aussi partie du travail.
Oui, j’ai des carnets qui se remplissent de tout un tas de choses, au jour le jour : croquis, notes, observations, citations, gribouillages, listes de titres, expérimentations… Des petites choses qui n’aboutissent très souvent à rien – à rien sur le moment. Mais périodiquement je me replonge dans ces carnets et j’en extrais un point de départ pour une composition dessinée ou peinte.
J’ai toujours un point de départ donc… Mais ensuite je ne sais jamais précisément où je vais. C’est le côté aventureux et exaltant de la chose ! J’essaye aussi d’avoir toujours plusieurs peintures et dessins en cours en même temps. C’est important pour conserver une attention flottante, pour conserver un esprit ouvert à l’inattendu et ne pas focaliser de façon stérile sur une seule réalisation…
Et puis il n’y a pas de limite de temps non plus : pour finaliser une peinture ou un dessin je peux mettre quelques jours… Ou quelques années. Il faut savoir attendre, ne rien faire, passer le balai dans l’atelier.
Thèmes à l’œuvre
Les représentations des espaces intérieurs et des architectures sont omniprésentes dans ton travail, est-ce que tu te documentes particulièrement ou est-ce que ce sont des représentations conçues de mémoire ?
Peinture et dessin font partie d’une même recherche bipartite mais unitaire. C’est un rapport ludique et critique à l’activité artistique elle-même que j’essaye de mettre en place dans ce double travail autoréflexif associant peinture et dessin.
En peinture, j’utilise délibérément un support conventionnel : la peinture sur toile. Il s’agit d’assumer l’aspect conventionnel et artificiel du médium, c’est important… J’aime aussi redoubler, surjouer, les attendus associés à l’idée de peinture et d’œuvre d’art : le format bourgeois, le cadre autour de l’œuvre (et aussi à l’intérieur), la centralité du motif… à partir de là, j’utilise un répertoire limité de formes simples en carton (des poncifs) et je construis le tableau (ou le tableautin) sans m’interdire le plaisir du maniement des formes et des couleurs, ni les associations imaginatives.
Dans mes dessins je représente effectivement des espaces intérieurs, J’utilise l’imagerie publicitaire des enseignes d’ameublement, souvent directement via des prospectus qui sont livrés dans ma boîte aux lettres. Dans ces prospectus je récupère des formes de canapé. Et puis, ensuite, je procède à une espèce de travail de montage, de collage et de dessin. J’invente des intérieurs imaginaires et je m’amuse à mettre en scène des tableaux fictifs (mais qui ressemblent aux miens) dans ces espaces.
Est-ce l’on peut dire que tu cherches à établir des liens entre macro-espace (carte du monde, de la France) et micro-espace (les intérieurs) ? Si oui, pourquoi ?
Des formes qui nous rappellent aussi des cellules organiques, aussi bien que la forme de cactus en pot qui swinguent et rebondissent vers ces formes ectoplasmiques omniprésentes, y-a-t-il un désir de montrer que tout est relié dans l’univers, que tous ces éléments présents dans celui-ci sont interconnectés ?
Comment expliques-tu le statisme qui se dégage de ces compositions où l’on trouve de manière récurrente un écran lumineux qui diffuse mais dont on ne voit jamais d’images ?
Bien que tes œuvres soient en deux dimensions avec des représentations illusionnistes d’espaces ouverts reprenant les codes de la perspective de la Renaissance, il y a d’autres espaces rappelant des graphismes de jeux d’arcades, comme le Pacman crée par Toru Iwani en 1980, des espaces en deux dimensions sans volonté de représenter de profondeur qui rappellent aussi les coupes géologiques ou aussi les terrariums où l’on peut observer la vie des insectes et des vers. Dans ces espaces semblent-ils vivent ces formes molles, ces ectoplasmes, comme tu les nommes. Sont-elles une évolution de l’humain ? Est-ce que leurs formes sont définies par la forme des espaces dans lesquels elles vivent ? De la même manière ces étrangetés semblent envahir les espaces extérieurs et recouvrir de manière monumentale les habitations, est-ce un hommage au cinéma populaire des années 80, je pense à la série des Ghostbusters d’Ivan Reitman ?
Et dans le registre de l’art contemporain on ne peut pas ne pas penser à la commande publique de Berdaguer& Pégus, Gue(ho)st House, inauguré en 2012 à proximité du Centre d’art contemporain de Delme, mais aussi les objets, automobiles, maisons enflées de l’autrichien Erwin Wurm.
Que représentes pour toi ces formes surgonflés ? Des états de l’être qui rappelle le titre du livre d’Yves Michaud, l’art à l’état gazeux (2011), éditions Fayard ? Une esthétique du vide de l’individu contemporain ?
Peut-on dire que tu augmentes le réel plus que tu le documentes ?
Et si oui, qu’est-ce que cela représente pour toi de le faire ?
Tu fais plusieurs rapprochements judicieux et tu soulèves beaucoup de questions intéressantes mais je dois dire que mon travail procède surtout par intuition et selon une logique étrange qui ressemble plus à celle du rêve qu’à un raisonnement discursif… Et puis avec le temps j’ai aussi ce sentiment de plus en plus prégnant que l’œuvre se développe d’elle-même, de l’intérieur pour ainsi dire… Comme une plante qui pousse. Et moi je jardine un peu.
J’aime que mes réalisations puissent favoriser les projections mentales du regardeur. Ma démarche n’est absolument pas “puriste” ou réductionniste. Je ne me verrais pas du tout soutenir une affirmation du type : “L’objet de la peinture c’est la peinture elle-même”… Je préfère penser, avec Philip Guston, que la peinture n’est pas sur la surface du tableau mais dans l’imaginaire.
Tu parles de statisme dans mes compositions, c’est bien vu. Oui, c’est vrai, j’aime le hiératisme et l’immobilité, les tableaux solidement charpentés, la peinture avec des formes tangibles et qui tient debout : Fernand Léger, Cimabue, Auguste Herbin, les primitifs italiens…
Concernant les formes ectoplasmiques qui parasitent mes dessins et mes peintures, que sont-elles ? Une chose molle, une pâte encore informe… Je ne peux pas en dire beaucoup plus. J’espère que tu me pardonneras de te répondre par cette citation d’un artiste dont j’aime beaucoup la modestie ironique, Robert Walser : “C’est à partir des choses tues que se développe tout ce qui prend forme.”
Par rapport à la pop culture, je n’ai pas une approche volontariste mais j’accepte tout à fait de me laisser influencer par mon environnement, sans difficulté. Se laisser contaminer par des influences contradictoires ça crée une tension dans travail qui le rend vivant. Le haut et le bas se rencontrent dans mes compositions… L’histoire de l’art et l’imagerie des films de série Z, par exemple. Je le constate et je n’essaye surtout pas de résoudre cette contradiction entre aspiration au sublime et impureté – car cette contradiction est dynamique.
Par contre concernant les jeux vidéo, disons-le simplement : je les déteste.
Présentation/ monstration
Tu portes un soin bien spécifique dans la conception des présentations de tes projets, on peut parler de scénographie.
Comment envisages-tu la présentation de ton travail, est-ce que chaque projet est une opportunité de travailler à un mode de présentation différent ?
Est-ce que, pour toi, l’exposition est une œuvre en tant que-t-elle, comme ont pu le montrer la génération des artistes issus de l’école de Grenoble (Philippe Parreno/ Pierre Huygue/ Dominique Gonzalez Foerster) ?
As-tu des références qui nourrissent ta réflexion dans ce domaine de la monstration de l’œuvre, de la scénographie ?
En quoi une collaboration artistique, un duo come dans cette exposition, une exposition collective, permet de construire d’autres espaces, d’autres significations ?
Avec Vincent vous avez conçu des expositions collectives, trouve-t-on un écho dans les mises en abyme que tu réalises ?
En quoi le fait d’inviter d’autres artistes te nourrit-il dans ta pratique, dans la présentation de ton propre travail ?
J’ai été profondément marqué par une exposition de Raoul De Keyser en 2011, une belle rétrospective dans les locaux du parlement flamand à Bruxelles. Marqué par les peintures évidemment (je suis resté seul tout une après-midi dans cette expo !) mais aussi par la mise en espace : beaucoup de vide autour des petits formats et des chambres de bois naturels construites pour délimiter les espaces… Magnifique !
Plus humblement, j’aime m’adapter aux lieux où j’ai l’occasion de montrer mon travail. Mais je peux aussi confier l’accrochage de mes pièces à quelqu’un d’autre pour voir mon travail différemment, à travers les yeux d’une autre ou d’un autre.
Avec Vincent nous avons déjà travaillé sur deux expositions, en essayant de rassembler des artistes autour de la notion de post-abstraction… en 2021 nous avons organisé l’exposition Surfaces limitrophes sur deux lieux dans la métropole lilloise. Et puis, dans le même esprit, en 2023, l’exposition Abstraction-Mutations à Paris, en partenariat avec la Galerie Jean Fournier.
Inviter et rencontrer des artistes de différentes générations, converser, visiter d’autres ateliers, oui c’est un vrai moteur pour la pratique, c’est très stimulant. Des accointances se révèlent, des complicités aussi (parfois), voire des proximités “théoriques”… Ainsi, en ce qui me concerne, avec le travail et la pensée d’Olivier Gourvil, notamment.
Exercer un métier
Quelle définition donnerais-tu au métier de plasticien en 2025 ?
Pour ma part, je parlerais moins de métier que de passion.
As-tu eu des difficultés à trouver un équilibre entre travail « alimentaire » et artistique ?
Il faut ruser sans cesse pour s’appartenir. Pour ne pas se sentir écrasé par des contraintes extérieures, sociales, professionnelles, ou autres. Qu’est-ce qui est important ? Pour moi : avoir du temps et un espace à soi – même modeste. Dans ces conditions le travail alimentaire, s’il n’est pas écrasant, peut être une source de liberté. Routine dehors, aventure dedans !
En quoi vivre et travailler en province peut être un avantage ou un problème ?
J’y vois surtout un avantage, économiquement parlant. Dans le Nord, j’apprécie aussi la proximité avec la Belgique et les Pays-Bas.
Autres champs artistiques/ Références
Excepté l’art visuel, y-a-t-il d’autres disciplines artistiques dont on peut dire qu’elles ont une importance pour nourrir le champ de ta créativité ?
Ah oui, certainement, la lecture, la fiction, les grands romans, la littérature, c’est important pour moi. Les expériences de Hans Castorp dans la Montagne Magique ou les tribulations de Plume (le personnage d’Henri Michaux) c’est aussi précieux comme compagnonnage que certaines rencontres avec des oeuvres picturales ou graphiques…
Ayant cette tendresse et cet attachement pour les livres, je suis très heureux d’avoir eu l’occasion d’offrir à mon ami Benoit Caudoux un dessin pour la couverture de son recueil de poésies Drapeaux droits (paru aux éditions Héros-limite en 2020).
(Ma double activité de peinture et de dessin se nourrit aussi de mon intérêt pour l’architecture et de ma curiosité pour l’Art brut…)
Rapport au temps/ projection
Sais-tu sur quoi tu vas travailler dans les cinq ans à venir ?
Oui, j’ai beaucoup dessiné ces deux dernières années, notamment pour avancer sur une suite de grands dessins (sept dessins actuellement) intitulée Suite Palatiale, je vais donc maintenant me consacrer un peu plus à la peinture - d’autant que, dans cette optique, je loue depuis un mois un espace de travail un peu plus grand. Il y’a un mouvement de balancier dynamique et stimulant entre la peinture et le dessin. Tantôt la peinture domine dans mon emploi du temps, tantôt le dessin.
Souvent les artistes visuels disent que leurs réalisations les aident et qu’elles sont indispensables à l’évolution de leur vie, es-tu dans ce cas ?
Oui.
Penses-tu que l’on peut comprendre l’artiste, son psychisme en regardant ses œuvres ou faut-il analyser de manière sociologique, ses conditions de vie, d’habitation, pour comprendre l’œuvre ?
L’art, pour moi, est d’abord synonyme de fascination avant d’être synonyme de compréhension.
Donner à̀ voir le monde invisibilisé.
On associe le statut d’artiste à une expression d’un positionnement qui répond aux problématiques de la société, est-ce ton cas ? Ou en d’autres termes, te considères-tu comme un artiste engagé ?
Non, mais paradoxalement je crois que c’est en étant irresponsable dans le jeu, et très individualiste dans mon travail, que j’exprimerai peut-être (à mon insu) quelque-chose de l’état du monde…
Wim Wenders vient de sortir un film qui se passe au Japon, The perfect days sur la vie d’un employé qui entretient avec passion et délicatesse les toilettes publiques, penses-tu que l’être humain devrait être beaucoup plus attentif aux petites choses et plus respectueux des invisibles qui font que la vie en société est possible ?
Oui. Et Je suis heureux que tu évoques ce film de Wenders car je l’ai vu lors de sa sortie en salle et je l’ai véritablement apprécié. Je me suis trouvé très en accord avec son atmosphère, son état d’esprit.
Statut
Penses-tu que le statut actuel des artistes auteurs en France est-il un statut idéal pour construire une œuvre artistique ?
Ou considères-tu que la charge de devoir gagner sa vie, par d’autres biais, nuit à la construction de votre travail artistique ?
Et pour finir, quel serait un statut idéal pour développer son travail artistique sereinement, un revenu garanti et mensualisé pour les artistes ou une réévaluation des droits de monstration, une mise en place importante de lieux de présentation des arts contemporains moins centralisées en ile de France et plus diffus sur le territoire français ?
Franz Kafka a travaillé presque toute sa vie comme employé pour une compagnie d’assurance.
Je ne pense pas qu’il existe de statut idéal… Même si des améliorations sont possibles. Une plus grande accessibilité à des espaces de travail relativement bon marché pour les artistes ça me semblerait une bonne chose, un bon début.
Et pour finir, penses-tu que l’art puisses changer le monde ?
L’habitabilité de ce monde est remise en cause par notre tendance à la démesure. Alors, plus modestement, l’art contemporain pourrait peut-être commencer par se changer lui-même…Renoncer, par exemple, au gigantisme et à la fuite en avant technologique.
Entretien préparatoire à l’exposition à L.A. Galerie du Lycée Anguier de Eu, réalisé entre Alexis Nivelle et Thibault Le Forestier – Été 2025
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